L’Île de Monsieur
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Située en aval du pont de Sèvres, l’île de Monsieur est entourée par les flots jusqu’au début du XIXe siècle, avant d’être rattachée à la rive par le comblement du petit bras de Seine, déjà trop obstrué pour la navigation.
C’est sur un manuscrit de 1336 que l’on trouve le premier témoignage de son existence. Au Moyen-Âge, l’île est un lieu de pêche, et on la nomme encore « isle Rocheret », ou parfois « isle de Rocherel », ou « isle de Rochelet ». Son histoire se précise en 1678, lorsque Louis XIV en acquiert une partie et en fait don à son frère Monsieur, duc d’Orléans, qui acquiert le reste du terrain l’année suivante. L’île est alors plantée d’une double rangée d’ormes sur tout son contour, et constitue une plaisante extension au domaine de Monsieur. On y donne des fêtes au bord de l’eau.
C’est à partir de cette époque que l’île prend son nom actuel. Elle restera la propriété de la famille d’Orléans jusqu’à son rachat en 1785 pour Marie-Antoinette, qui y résidera très occasionnellement avec le Roi. En 1789, l’île est louée et défrichée. En 1794, elle est vendue et cesse ainsi d’être une propriété princière et royale. En 1817, une ordonnance lève définitivement une vieille ambiguïté : l’île de Monsieur fera désormais officiellement partie de la commune de Sèvres, au détriment de Saint-Cloud. Au XIXe siècle, les frères Collas, propriétaires depuis 1818, y mènent leurs activités d’entrepreneurs et marchands de bois, et occupent le site pendant plus de trente ans. Ils y font construire une large bâtisse, probablement une ferme dont l’entrée donne sur le nouveau pont de Sèvres tout proche.
Avec la Révolution industrielle, une nouvelle ère s’ouvre pour l’île de Monsieur. En 1885 commence l’implantation de la ligne de chemin de fer de Pont-de-l’Alma à Courbevoie. En 1917, la société Renault Frères y installe des bâtiments industriels et une gare, assurant le transport de chars pour le front. En 1918 et 1926, l’administration des chemins de fer de l’État acquiert le terrain, et laisse Renault y développer ses activités et ses usines. La physionomie de l’île est bouleversée, sous la ferraille, les baraquements et la fumée. Dès lors, et pendant des décennies, rien n’arrête son exploitation, pas même son classement en 1942 parmi « les sites et monuments naturels de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire et pittoresques ». Depuis 1997, on peut longer la Seine en tramway. En 2001, le terrain est racheté à Réseau ferré de France par le Syndicat mixte pour les activités nautiques, sportives et de loisirs du Val-de-Seine, syndicat représentant le département des Hauts-de-Seine et les communes de Boulogne-Billancourt, Sèvres, Saint- Cloud, Chaville et Ville-d’Avray. Ce rachat a pour objectif un réaménagement général du terrain, une volonté qui mènera à la création d’un parc nautique, lequel est inauguré en 2007. C’est à cette occasion que le tracé du tramway T2 est revu : il longe désormais la RD 7, libérant ainsi les berges du fleuve, et marquant la frontière entre les aires de stationnement à l’est, et la zone plus verte du parc, lieu de loisirs et de sports nautiques. Après un siècle de vie industrielle, l’île de Monsieur renoue ainsi avec sa vocation historique de lieu de plaisance du bord de Seine.