Les Caves du Roi

Les Caves du Roi

Histoire et patrimoine
Publié le 14 janvier 2021 Modifié le 1 février 2021

Sommaire

On peut encore visiter aujourd’hui les carrières souterraines qui bordent la rue des Caves du Roi. Les premières auraient été creusées au XVIe siècle. On y accédait par de larges ouvertures à flanc de coteau ou directement sous les maisons. Elles sont investies au XVIIIe siècle par les marchands de vin privilégiés du roi. Fournisseurs attitrés, ils approvisionnent le roi et sa cour à Versailles. Le premier de ces marchands, Louis Darboulin, procède au rachat progressif de maisons voisines pourvues de caves. Il les aménage pour stocker ses vins et approvisionner son «Magasin de vin pour Sa Majesté et les Maisons Royales ». Les marchands se succèdent, agrandissant les galeries, installant logements et bâtiments commerciaux. Mais la Révolution annonce la fin de leurs activités. La propriété est organisée autour d’une cour carrée : outre une maison de maître dite « les caves du roi », elle donne sur plusieurs bâtiments servant de logements, sanitaires, remise, écurie, tonnellerie, avec au fond des jardins potagers et d’agrément.
En 1851, la propriété est rachetée par un brasseur de Metz, Jean-Baptiste Reinert. Il fait installer cuves et chaudières, machine à vapeur, fourneaux et cheminées. Il assure également l’aération des locaux et leur approvisionnement suffisant en eau (notamment grâce à celle provenant des étangs de Ville-d’Avray). L’affaire fonctionne bien, et Reinert écoule sa production dans des cafés parisiens et des « cafés brasseries » qu’il a créés. Il revend son affaire en 1873 à une société qui projette d’exploiter la brasserie pour la fabrication de bière viennoise. La « Brasserie des Caves du roi » est un succès. Les galeries sont étendues, les locaux modernisés. Pourtant l’activité se réduit, l’usine ayant notamment été affaiblie par un grand incendie en 1880. La brasserie est vendue en 1890 à la société des Brasseries de la Meuse, récemment constituée par Adolphe Kreiss, déjà à la tête d’une brasserie à Bar-le-Duc. En quelques années, l’usine de Sèvres, désormais dotée d’une malterie, permet à la société de s’imposer sur le marché de la bière et de développer un important réseau de distribution en France et à l’étranger. Les galeries sont de nouveau agrandies, et des terrains achetés sur la Grande Rue et la rue du docteur Ledermann pour installer notamment une nouvelle salle de brassage, et même un atelier de fabrication de jus de fruits (Vivor). Cette usine cause des nuisances aux riverains mais procure de l’emploi à plus de 300 employés.

La Première Guerre Mondiale ne freine pas la production, la Seconde affaiblit fortement les activités des Brasseries de la Meuse. L’usine de Sèvres ne répond plus aux nouvelles exigences économiques : sa situation en centre-ville, l’exiguïté des locaux, l’obsolescence des machines et le coût d’entretien des galeries deviennent un handicap. Suite à des accords avec leur principal concurrent, les Brasseries de la Meuse cessent toute production de bière à Sèvres à partir de 1950. L’usine poursuit les activités de malterie et d’embouteillage jusqu’en 1963, et reste siège de la société, qui est absorbée en 1966 par la Société Européenne des Brasseries de la Meuse, ellemême rachetée par le groupe BSN. Les bâtiments sont finalement vendus puis détruits entre 1970 et 1988.