Le cimetière
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Le premier cimetière de Sèvres était situé aux abords de l’église Saint- Romain. À partir de 1760, l’installation de la Manufacture draine à Sèvres une population grandissante et le cimetière devient trop exigu. Plusieurs demandes sont faites au Roi afin qu’il donne à la ville un terrain derrière l’ancien château ; il sera accordé en 1784. Ce nouveau cimetière auquel on accède par un petit escalier longe l’actuelle rue des Binelles. Mais rapidement, ce terrain s’avère trop petit et son implantation nuit au développement du centre-ville. En 1866, le Maire de Sèvres estime qu’il est temps de transporter le cimetière « dans un endroit à l’abri de la vue continuelle des habitants ». Trois ans plus tard, la municipalité fait l’acquisition de parcelles aux Bruyères.
Mais le déplacement du cimetière fait polémique : le projet d’exhumation et de déplacement des corps est un traumatisme pour les familles, et la population de Bellevue craint que le cimetière ne pollue ses sources. Bientôt la guerre de 1870 met fin aux débats : les troupes prussiennes occupent les Bruyères. En 1871, face au regain de décès dus à la Commune, des autorisations sont demandées afin d’enterrer les corps aux Bruyères. Les habitants de Bellevue s’y opposent. On envisage d’agrandir le cimetière des Binelles, désormais au centre de la ville, mais les expropriations nécessaires ruineraient la municipalité. On se tourne à nouveau vers les Bruyères, en démontrant qu’aucune infiltration de la source n’est possible. À partir de 1874, la décision est prise d’installer le cimetière aux Bruyères. Les tombes du cimetière des Binelles seront peu à peu transférées malgré la réticence des familles. En 1958, sera construit à l’emplacement du cimetière des Binelles une annexe du lycée technique – qui deviendra plus tard le collège.
Le cimetière abrite aujourd’hui quatre monuments rendant hommage aux soldats et victimes de guerre. Le plus imposant se trouve près de l’entrée. Il est orné d’un bas-relief du sculpteur sévrien Marcel Derny, représentant une femme tenant dans ses bras un jeune soldat mort. Ce monument a été inauguré en 1989. Depuis 2002, des inscriptions rappellent les différents conflits de 1870 à 1962. La crypte qui se trouve sous le monument regroupe soixante-dix-sept soldats tombés sur les champs de bataille de France, Indochine et Afrique du Nord. Un monument honore la mémoire des soldats sévriens de 1914- 1918 qui ont souhaité être inhumés ensemble « Unis comme au front ». Il s’agit d’un ossuaire où reposent quarante soldats enterrés entre 1929 et 1972. Une tombe collective érigée en 1924 perpétue le souvenir de neuf soldats qui n’étaient pas originaire de la ville mais qui sont décédés à l’hôpital de Sèvres pendant la Première Guerre Mondiale.
On peut citer parmi les Sévriens inhumés aux Bruyères des personnalités telles que les auteurs Henri Conti et Champfleury ; le graveur Félix Braquemond ; le céramiste et décorateur Albert Dammouse ; l’helléniste Jean-Pierre Vernant et les physiciens Eugénie et Aimé Cotton. Pierre Lesseré, Pierre Midrin et Henri Poirot-Delpech, anciens maires de Sèvres, dont les bustes ornent les tombes, sont également inhumés aux Bruyères. À proximité, une sépulture est réservée aux anciens curés de la paroisse.