La Maison Gravant

La Maison Gravant

Histoire et patrimoine
Publié le 14 janvier 2021 Modifié le 1 février 2021

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Au 14 de la rue de Ville-d’Avray, presque dissimulée derrière la Bibliothèque-Médiathèque, se dresse une bâtisse appelée Maison Gravant. Au Moyen Âge était installé à cet endroit le couvent des Célestins, propriétaires de terres à Ville-d’Avray et Sèvres dont ils partageaient le territoire avec les seigneurs de Longueuil.

En 1748, la propriété appartient à Jean Gosselin, marchand de vin faisant partie des vingt cinq autorisés par Louis XV. C’est en 1756 que Louis-François Gravant investit cette demeure. Ce maître faïencier avait percé le secret de la fabrication de la pâte des frères Gilles et Robert Dubois, ouvriers à la Manufacture de porcelaine de Chantilly. Secret qu’il s’était empressé de vendre à la Manufacture de Vincennes moyennant 24 000 livres ainsi qu’une forte rente annuelle.

Gravant s’installe à Sèvres lorsque la Manufacture de porcelaine de Vincennes y est transférée. Si ses ateliers sont aménagés au rez-de-chaussée de l’établissement, à une extrémité où Gravant pouvait travailler à l’abri des curieux, sa réussite lui permet d’acheter la propriété dont l’entrée – un large portail toujours visible aujourd’hui – se situe à l’angle de la ruelle de la Pointe et de la rue des Caves. Il y entame d’importants travaux d’embellissement tant intérieurs qu’extérieurs. La propriété est agrémentée d’un large jardin à la française composé d’une allée centrale menant à un bassin qui s’étendait sur le coteau Croix-Bosset. Louis-François Gravant profite de cette demeure jusqu’à sa mort en 1765.

À cette époque, la route menant de Paris à Ville d’Avray empruntait la rue des Caves. Cette rue très étroite et escarpée rendait le transport des marchandises – et des personnes – particulièrement difficile. Marc-Antoine Thierry, baron de Ville d’Avray et premier valet de chambre du Roi, fait une demande au Sieur Le Brun, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département de Versailles, afin d’obtenir l’élargissement et l’adoucissement de la pente. Cette requête, faite en 1776, marque le début de négociations qui dureront plus de dix ans.

Après plusieurs demandes et malgré l’appui de Mesdames, tantes du Roi, Marc- Antoine Thierry n’obtient pas gain de cause car les travaux engageraient des dépenses considérables. En 1784, Le Brun propose néanmoins une alternative : percer une nouvelle rue dans la propriété de la Dame Gravant. La voie sera percée à l’ouest du corps de logis principal, sous un bâtiment reposant sur des arcades quasiment entièrement ensevelies. Les travaux débutent en 1786 et se terminent un an plus tard.

On creuse, on déblaie, on érige un mur afin de soutenir la partie ouest de la propriété désormais isolée et on ferme par d’épaisses portes de bois les caves – vestige d’une carrière datant des Célestins.

En 1838, les arcades ainsi que le bâtiment qu’elles soutenaient sont détruits au profit d’une passerelle métallique reliant les deux parties de la propriété. Ce passage sera abattu après la Seconde Guerre Mondiale. Le parc sera loti en 1977. La même année, la maison Gravant est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en raison de son caractère exceptionnel « par sa situation de fond de vallée et par son histoire chargée ».