La Maison des Jardies
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Situé à la limite de Sèvres et de Ville d’Avray, le domaine des Jardies a attiré deux célèbres propriétaires qui ont marqué les lieux et forgé l’histoire de cette propriété.
C’est tout d’abord Honoré de Balzac qui acquiert en 1837 un terrain situé au 14 rue du Chemin Vert, qu’il étendra progressivement jusqu’aux voies de chemin de fer Paris-Versailles, projetant de le lotir et le revendre. Endetté par des investissements hasardeux, Balzac fuit depuis déjà longtemps ses créanciers, sous de faux noms et dans différentes demeures. Il choisit donc de s’installer aux Jardies pour s’éloigner de Paris.
Il loge son jardinier dans l’ancienne maison de vigneron qui s’y tient, et se réserve un petit chalet de bois qu’il fait construire dans le jardin, au fond de la propriété. Dans cette maison il reçoit le peintre Corot, qui habite une maison à Ville-d’Avray. Dans ces lieux, il élabore des rêves de fortune, mais aussi certaines de ses œuvres. En 1840, Balzac, toujours à court d’argent, doit se résoudre à se séparer de la maison et part s’installer à Passy. La maison conserve aujourd’hui dans la cuisine rustique son buffet, seul bien qui aura échappé aux créanciers et aux huissiers.
C’est également le calme et le charme des environs qui séduisent quelque quarante ans plus tard Léon Gambetta et le décident à s’installer aux Jardies en 1878 et, par la suite, à acheter la maison. Il souhaite pouvoir venir se retirer aussi souvent que possible d’une vie politique agitée. C’est ici qu’il pourra profiter de la présence de son amie Léonie Léon, compagne avec qui il échangea pendant dix ans une célèbre correspondance de plus de 6000 lettres. Gambetta s’installe dans l’ancienne maison du jardinier : au rez-de-chaussée la cuisine, le vestibule et la salle à manger, auxquels Gambetta fera ajouter un salon ; au premier étage la chambre à coucher et le cabinet de toilette. L’étage supérieur abritait l’appartement de Léonie Léon. Gambetta agrandira également le jardin et y fera construire en contrebas une écurie, sa remise et un kiosque où il installera sa bibliothèque et son cabinet de travail. Il n’en reste rien aujourd’hui. Entrecoupant la vie parisienne de séjours à Sèvres, il vivra dans cette maison quatre années de repos avant que s’y déroule un accident funeste : Gambetta se blesse à la main alors qu’il s’entraîne au tir au pistolet. La blessure est bénigne, mais fragilisé par des troubles antérieurs, son état s’aggrave. Le républicain s’éteint dans la chambre de la maison le 31 décembre 1882.
Moins de 10 années plus tard, en 1891, est érigé un monument du sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi, sur le terrain contigu à la maison, donné à l’Etat en 1889 par la famille de Gambetta qui souhaitait voir perpétué le souvenir du patriote. Financé par une souscription des communes d’Alsace et de Lorraine, le monument célèbre l’action de ce républicain convaincu, défenseur de la Nation. Il y est représenté déterminé, portant les drapeaux des deux provinces perdues lors de la défaite de 1870 qui attendent, à ses pieds, leur libération. Le cœur de Gambetta sera placé dans une urne au bas du monument, où il restera jusqu’au 11 novembre 1920, date de son transfert au Panthéon. La maison était alors devenue un véritable lieu de pèlerinage de nombre de gens venus lui rendre hommage.
La conservation et l’entretien du pavillon sont immédiatement confiés au conservateur du domaine national de Saint-Cloud, avant que l’État en fasse un musée dédié à Gambetta. Restauré à partir de 1990, il a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1991. Il abrite aujourd’hui un musée qui a conservé le mobilier d’origine et rassemble divers objets commémoratifs. Le monument a, lui, été classé monument historique en 1995.