La Cristallerie Lambert
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La Cristallerie donne son nom à une rue et à l’un des quartiers les plus récents de Sèvres. Ceci rappelle la présence d’un établissement ancien, celui de la Cristallerie Lambert, installée dans le bas de Sèvres à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, la France, grande importatrice d’objets en cristal cherche à en découvrir la technique de fabrication, soigneusement préservée par les Anglais. À Sèvres, dès la première moitié du XVIIIe siècle, une verrerie est installée au bas de l’avenue de Bellevue. En 1756, le privilège en est établi au profit de la Pompadour qui fait transférer les bâtiments au Bas-Meudon, au bord du fleuve. On y fabrique du verre et du cristal jusqu’en 1932.
En 1782, le Duc d’Orléans, qui s’intéresse aux arts et techniques, prend connaissance des travaux de l’alsacien Philippe-Charles Lambert, un des premiers français à détenir le secret de fabrication du cristal à la manière anglaise (connu sous le nom de « flint-glass »). Celui-ci s’associe à Barthelemy Boyer et obtient du Duc d’Orléans la concession d’une maison et de terrains dans les dépendances du parc de Saint-Cloud, afin d’y établir une manufacture d’émail et de cristal (on peut la situer 6, Grande rue). Une cristallerie est donc édifiée, et Lambert y poursuit ses travaux de fabrication. Il utilise la méthode anglaise de chauffage des fours au charbon de terre et de fonte de la silice dans des pots couverts, allant même jusqu’à débaucher des ouvriers outre-Manche.
Lorsqu’en 1784, Louis XVI rachète le Domaine de Saint-Cloud pour Marie- Antoinette, la reine accorde son patronage à la cristallerie dont la réussite est grandissante. L’établissement de Lambert et Boyer devient « Manufacture des cristaux et émaux de la Reine ». Mais cette production coûte cher, notamment en raison des frais de transport du charbon. C’est pourquoi la fabrique est transférée dès 1787 sur le site de la fonderie royale de Montcenis en Bourgogne (près du Creusot) afin d’améliorer sa rentabilité. Ici, elle peut profiter des hauts fourneaux et de l’approvisionnement en charbon de l’entreprise Périer, Wendel, Bettinger et Compagnie qui y traite le minerai de fer et avec laquelle Lambert et Boyer s’associent. Ces derniers se désengagent rapidement et reviennent à Sèvres en 1789, cédant leur secret de fabrication à leurs successeurs contre une pension.
Lambert, à qui Boyer a cédé ses droits, rachète la propriété abandonnée du Domaine de Saint-Cloud et des terrains adjacents pour y mener des recherches sur les émaux et la faïence fine, autre monopole anglais qu’il tente de concurrencer. Encore une fois, en 1801, Lambert se désengage. Il poursuivra alors ses recherches jusqu’à la fin de sa vie, notamment sur la fabrication des émaux, en parallèle de son mandat de maire de Sèvres. Il est en effet nommé en 1815, alors que la commune est occupée par les troupes prussiennes et très endettée. Jusqu’à sa démission en 1830, il prendra de nombreuses mesures afin de moderniser le bourg : ouverture d’un nouveau port sur la Seine, installation d’un marché, réparation de l’Église, construction d’une école, d’une mairie. Philippe- Charles Lambert obtiendra la Légion d’Honneur en 1826 et s’éteindra en 1835, sans descendance mais en ayant transmis ses secrets de fabrication de cristal et de faïence fine.