Le JAD : Marie Levoyet, lauréate de la Fondation Banque Populaire
Sommaire
Le Sévrien : Vous êtes une des six lauréates de la Fondation Banque Populaire, en quoi consiste ce prix ?
Marie Levoyet : En décembre 2022, j’ai eu le plaisir de recevoir le prix de la Fondation Banque Populaire. Aux côtés de la musique et du handicap, la Fondation Banque Populaire apporte en effet depuis 2013 son soutien à l’artisanat d’art. Cette année, le jury – présidé par Gérard Desquand, graveur héraldiste et Maître d’Art – a sélectionné six artisans d’art.
Ce prix nous offre un soutien financier et humain sur un à trois ans, afin que nous puissions développer notre activité et que nos ateliers puissent explorer et emprunter de nouvelles voies. Cette bourse soutient donc avant tout des projets de recherche. A mon sens, c’est en cela que c’est un très beau prix : en permettant à des ateliers d’ouvrir de nouvelles portes, il apporte un réel soutien à la création et au renouvellement des savoir-faire. Au-delà de soutenir mon projet d’atelier dans son ensemble, cette bourse va me permettre, plus particulièrement, de développer mes recherches autour de l’héliogravure couleur.
Le Sévrien : Quelle est l’histoire de votre rencontre avec l’héliogravure ?
Marie Levoyet : A l’origine, j’ai fait un BTS en design textile : j’y ai étudié les techniques de tissage, mais aussi les teintures, les motifs… qui font échos à mes recherches actuelles autour des couleurs. Mais j’étais encore bien loin de l’héliogravure ou même de la gravure en général.
Ma rencontre avec cette technique s’est faite de manière inattendue, à l’issue de ma formation en design textile : le basculement s’est opéré lorsque j’ai rencontré, par un heureux hasard, Fanny Boucher, Maître d’Art et représentante de l’héliogravure en France. J’ai passé quelques semaines en tant que stagiaire dans son atelier, et je n’en suis finalement jamais repartie. Comme pour de nombreux savoir-faire rares, il n’existe pas de formation à proprement parler pour l’héliogravure. C’est donc grâce à des dispositifs de soutien aux métiers d’art et d’accompagnement à la transmission que j’ai pu continuer de me former auprès d’elle. Le Prix de perfectionnement aux métiers d’art de la Ville de Paris [aujourd’hui Prix Savoir-Faire en Transmission, puis le programme Maître d’Art – Elève m’ont ainsi permis d’apprendre la technique de l’impression en taille-douce puis celle de l’héliogravure, tout en créant, en parallèle, en 2018, mon propre atelier.
Le Sévrien : Depuis votre installation au JAD, comment est-ce que la proximité avec d’autres créateurs nourrit votre travail ?
Marie Levoyet : Les échanges et la collaboration avec les artisans d’art et designers du JAD constituent un levier de recherche et de création essentiel à la préservation et au renouvellement des savoir-faire. C’est pour moi très inspirant que d’autres créateurs portent leurs regards sur l’héliogravure, les procédés photographiques qu’elle mobilise ainsi que les matériaux qui y sont associés. Ces regards singuliers m’ouvrent de nouvelles perspectives, qui me permettront d’explorer les potentialités de ce savoir-faire et de continuer d’en redéfinir les frontières.
Entretien mené par Brune Schlosser – correspondante INMA au JAD.
Marie Levoyet en quelques mots…
Marie Levoyet est héliograveur et imprimeur en taille-douce. Son savoir-faire, qui relève du monde de la photographie et de l’estampe, ne compte aujourd’hui qu’une quinzaine de représentants en Europe. Associant la gravure sur cuivre à l’utilisation d’une gélatine photosensible, l’héliogravure repose sur un procédé photomécanique développé au XIXe siècle, permettant à la lumière de fixer et révéler l’image photographique. Ce travail d’interprétation, Marie Levoyet le mène en étroite collaboration avec des photographes et artistes de la scène contemporaine.