Le « Baptême de Notre Seigneur », œuvre historique du XVIIIe siècle
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Dans l’église Saint-Romain, le bas-relief « Le baptême de Notre Seigneur » vient de retrouver sa place au fond gauche de la nef. 237 ans après sa création, cette œuvre insérée dans le mur d’un bâtiment inscrit au titre des monuments historiques, avait grand besoin d’être restaurée. Elle a été sculptée en 1787 par Louis-Simon Boizot, né en 1743. Fils d’Antoine Boizot, peintre du roi, Louis-Simon Boizot se destine à l’art dès son plus jeune âge. Il bénéficia des enseignements de Jean-Baptiste Pigalle, un ami de la famille. L’empreinte de ce talentueux sculpteur se dévoila très tôt : en 1762, il remporta le Premier prix de Rome avec son œuvre La mort de Germanicus. C’est le début d’une carrière exceptionnelle.
Après avoir passé cinq années à l’Académie de France à Rome, Louis-Simon Boizot revient en France avec une maîtrise artistique remarquable. Il fut agréé par l’Académie et dès 1773, il exposa régulièrement au Salon. En 1774, il prit la direction de l’atelier de sculpture de la Manufacture de Sèvres, succédant à Étienne Maurice Falconet. Son talent lui permit de devenir académicien en 1778 grâce à sa statue de Méléagre. L’artiste était désormais reconnu aux côtés des plus grands, tels qu’Augustin Pajou et Jean-Antoine Houdon.
Deux bas-reliefs ont été restaurés dans l’église Saint-Romain
À Sèvres, il sera connu pour la création du bas-relief «?Le baptême de Notre Seigneur?». Cette œuvre est un modèle réduit préparatoire d’une autre réalisation qui trône magnifiquement sur un mur de la sacristie de l’église Saint-Sulpice à Paris. Le temps avait marqué l’œuvre, la laissant vulnérable à l’humidité et à la corrosion. Le Sévrien a rencontré Jean-François Salle, diplômé de l’Institut national du patrimoine, en charge d’une partie de cette restauration. « Le bas-relief, coupé en deux à l’origine, avait été ficelé par l’arrière lors d’une restauration précédente. Nous avions des problèmes d’humidité sur le mur et des accroches rouillées. Nous avons dû intervenir pour remplacer ces éléments tout en préservant l’intégrité de l’œuvre » explique-t-il. Grâce à cette restauration minutieuse, le bas-relief a retrouvé toute sa splendeur, permettant ainsi aux visiteurs de l’église Saint-Romain de redécouvrir ce chef-d’œuvre classé dans des conditions optimales.
Non loin de cette sculpture, un autre bas-relief, « Joseph vendu par ses frères », témoigne de la relation entre Louis-Simon Boizot et son disciple Henri-Victor Roguier. Restaurée également par Jean-François Salle, cette œuvre est en effet l’original de la pièce qui permit à Henri-Victor
Roguier de remporter le second Grand Prix de Rome en 1784.
Henri-Victor Roguier, né en 1758 à Besançon, d’origine modeste, fut aidé par son maître, Louis-Simon Boizot qui l’encouragea et facilita son entrée à la Manufacture royale de porcelaines de Sèvres. « La relation entre Boizot et Roguier est fascinante, elle illustre parfaitement la transmission du savoir et de la passion artistique??» souligne Jean-François Salle. Par la suite, Henri-Victor Roguier se consacra à la sculpture d’ornements et réalisa de nombreux modèles pour diverses fabriques de bronze. Ses réalisations pour la Cour du roi Charles X lui valurent le titre de « sculpteur des fêtes et cérémonies de la Couronne ». Il exposa au salon du Louvre de 1808 à 1822 et obtint une médaille d’or en 1812. Il résidait à Paris, au 4 de la rue des Filles-du-Calvaire, et est décédé à Paris le 14 août 1841. Ces deux chefs-d’œuvre restaurés avec soin sont à découvrir dans l’église Saint-Romain.