François Schuiten illustrera la future gare du Pont de Sèvres

Le Sévrien : Nous avons appris le 24 janvier, les noms des 30 premiers illustrateurs des futures gares du Grand Paris Express dont vous faites partie. Pouvez-vous nous raconter en quoi consiste ce projet et pourquoi vous y avez adhéré ?
François Schuiten : Comme à chaque fois pour ce genre de projets, on nous demande si nous souhaitons y participer. J’avoue que sur le papier je n’étais pas vraiment emballé. Reproduire simplement des illustrations sans technicité ne m’enthousiasmait pas. J’ai échangé sur ce point avec l’équipe du Grand Paris Express, ils m’ont alors proposé de collaborer avec la Manufacture de Sèvres pour illustrer la future station de métro Pont de Sèvres. J’ai accepté de suite !

Le Sévrien : Chaque artiste sélectionné a réalisé une résidence dans la ville qu’il illustre. Pouvez-vous nous en dire plus ?
François Schuiten : Ce n’était pas une résidence au sens où on l’entend, mais une série de visites à la Manufacture de Sèvres et dans les lieux autour de la station. Ces visites m’ont permis notamment de m’imprégner de ces lieux et de rencontrer les artisans de la Manufacture. C’est extraordinaire le métier qu’ils exercent ! J’avoue qu’ils étaient un peu inquiets de collaborer avec un illustrateur de bande dessinée sur ce projet (ndlr : rire).

Le Sévrien : Les illustrations seront visibles depuis l’intérieur des trains, ainsi que sur les quais bien entendu. Avez-vous conçu vos illustrations à travers l’œil d’un voyageur ou à travers vos yeux d’artiste ?
François Schuiten : Ce qui est intéressant dans ce projet est de travailler au format réel. J’ai une surface de 50 m2 à réaliser, le tout découpé en plaques de différents formats. En 3D, on réduit le dessin ou on l’agrandit pour une affiche par exemple.
Ici, c’est une expérience particulière. Il faut une image qui soit visible de loin, et lorsqu’on s’approche, le spectateur doit pouvoir voir des détails. C’est un ensemble de lecture important. Les rapports d’échelle me passionnent !

Le Sévrien : Vous avez conçu les stations de métro « Arts et Métiers » à Paris et « Porte de Hal » à Bruxelles. Rien que çà ! En vous lançant dans le projet du Grand Paris Express, souhaitiez-vous réitérer cette aventure ?
François Schuiten : Ces projets sont complètement différents, et c’est ce qui me plaît. J’aime avoir des aventures artistiques, vivre des moments uniques. J’ai beaucoup de chance de pouvoir faire ce qu’il me plaît.

Le Sévrien : Votre actualité est riche en ce moment… entre votre sélection à « Illustrer le Grand paris », votre projet de sculpture monumentale sur le rond-point Van Praet à Bruxelles, appelé Moby train ou bien encore l’exposition Animalia au musée Train world qui traite notamment de la préservation de notre environnement. Le point commun entre tous ces projets ne serait-ce pas le train ?
François Schuiten : Je suis passionné par le ferroviaire. Aujourd’hui, comment ne pas parler des enjeux environnementaux sans parler du train qui est le moyen de locomotion le plus évident pour la mobilité de demain ? L’environnement me tient à cœur, et à travers mes projets, je veux créer un choc poétique. Comment voulez-vous que les gens aient envie de changer leur consommation si on ne cesse de les culpabiliser ? Il faut jouer sur le désir, l’envie, on doit réveiller les émotions pour que le sujet devienne centrale. En tout cas, c’est ce que j’essaie de faire notamment avec l’exposition Animalia.