Église Saint-Romain : un bas-relief de 1784 restauré
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L’étude et la restauration d’un bas-relief en plâtre intitulé « Joseph vendu par ses frères » décorant le bas-côté nord de l’église Saint Romain ont permis de révéler au public une œuvre longtemps dérobée au regard.
L’histoire matérielle du bas-relief a révélé de nombreuses modifications de sa nature et de sa fonction. Le constat d’état a permis de mettre en évidence le réemploi d’une œuvre à trois ans d’écart entre sa création et la réalisation du décor.
La signature mise au jour sous les repeints successifs a permis d’attribuer la composition à Henri-Victor Roguier, second grand prix de Rome en 1784 (dont le sujet était « Joseph vendu par ses frères ») alors que le premier prix était décerné à Antoine-Denis Chaudet.
Henri-Victor Roguier fait don à l’église Saint-Romain de son œuvre en 1787 en complétant sa composition d’un ciel nuageux, conférant un format nouveau à l’œuvre originale. Une inscription dédiée aux bienfaiteurs de l’église située au revers de façade du portail atteste du don des deux sculpteurs à la paroisse.
Roguier est l’élève de Boizot qui l’a introduit à la Manufacture de Sévres en 1780. Louis-Simon Boizot avait, quant à lui, succédé, en 1773, au sculpteur Étienne-Maurice Falconet à la tête des ateliers de sculptures de la Manufacture de Sèvres. Pendant la Restauration, les productions de Roguier lui permettent d’accéder au titre de « sculpteur des fêtes et cérémonies de la Couronne ».
Boizot installe un bas-relief en plâtre – étude préparatoire du Baptême du Christ réalisé pour l’Eglise Saint Sulpice à Paris en 1781. Les deux décors installés à l’origine dans la même travée nord de l’église Saint-Romain témoignent de la relation entre les sculpteurs.
La restauration du bas-relief par Jean-François Salles, diplômé de l’Institut national du patrimoine, en collaboration avec l’Atelier De Ricou qui s’est chargé des entourages en faux marbre a permis de mettre en valeur le talent de sculpteur de Roguier qui était en contact avec des bronziers. Le dégagement des nombreux repeints a d’ailleurs révélé une patine originale imitant le bronze. Aujourd’hui, c’est sous un aspect nouveau et néanmoins proche de l’original que réapparait l’œuvre de Henri-Victor Roguier, âgée de 238 ans.