Elles font Sèvres : 8 femmes engagées

Elles font Sèvres : 8 femmes engagées

Portrait
Publié le 3 mars 2025 Modifié le 12 mars 2025

Sommaire

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Le Sévrien met en lumière huit femmes inspirantes qui, par leur passion et leur engagement, façonnent le dynamisme de Sèvres. Elles partagent leur parcours, leurs défis et leurs conseils pour les jeunes générations.

Agathe Sidokpohou

Engagement / Domaine : Jeunesse – Excellence académique & engagement lycéen
Lieu d’activité : Lycée Jean-Pierre Vernant – Sciences Po Paris – Columbia University

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« Si l’on n’est pas sensible, on n’est jamais sublime » Voltaire

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“Mon parcours est encore très jeune, mais l’éducation a toujours été une valeur centrale dans ma famille. Mon grand-père est venu du Bénin en France grâce à une bourse, et mes parents ont toujours insisté sur l’importance des études pour réussir dans la vie. Très tôt, j’ai eu envie d’exceller, d’apprendre et d’explorer un maximum de sujets.”

“Après un bac en section internationale au Lycée Jean-Pierre Vernant, j’ai intégré un double diplôme entre Sciences Po Paris et Columbia University. J’ai toujours eu un intérêt particulier pour la politique, l’histoire et la littérature. L’idée d’une formation hyper vaste et internationale m’a séduite.”

“J’ai eu la chance de grandir dans un environnement multiculturel, notamment à Singapour, où j’ai vécu six ans avant de m’installer à Sèvres pour rejoindre la section internationale du lycée. Cette ouverture sur le monde m’a donné envie d’aller encore plus loin dans mon parcours.”

3/ Quel est l’aspect de votre engagement qui vous passionne le plus ?

“Ce qui me passionne, c’est le fait de comprendre le monde, d’analyser les sociétés et leurs dynamiques politiques et sociales.”

“J’ai toujours aimé débattre et écrire, ce qui m’a naturellement poussée à devenir rédactrice en chef du journal du lycée ‘Le 144’ et à m’engager dans la vie lycéenne via le Comité de Vie Lycéenne.”

“Mon amour pour les études s’est construit grâce à mes matières préférées : l’histoire, la géopolitique, la philosophie et la littérature. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs inspirants qui m’ont encouragée à approfondir ces disciplines.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“Personnellement, je n’ai jamais ressenti de frein lié à mon genre. Dans un environnement académique, ce qui compte avant tout, c’est la performance et l’investissement personnel.”

“Cependant, je suis consciente que beaucoup de femmes dans le monde n’ont pas la même chance. Dans de nombreux pays, l’accès à l’éducation reste un combat. C’est une réalité qui me préoccupe profondément.”

“En France, nous avançons sur certaines questions, comme l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, mais je constate aussi un clivage générationnel qui m’interpelle. À mon âge, j’ai l’impression que les garçons deviennent plus conservateurs alors que les filles sont de plus en plus progressistes. C’est une dynamique qui me questionne sur l’évolution des mentalités.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Mon message serait simple : les études sont importantes, mais elles ne font pas tout.”

“Il est essentiel de développer des passions, de s’ouvrir à la culture sous toutes ses formes, que ce soit par la lecture, le cinéma, la musique ou l’engagement associatif. À Sèvres, il existe plein d’opportunités pour découvrir ce qui nous anime.”

“Trop souvent, on met une pression énorme sur la réussite académique, alors que ce qui compte vraiment, c’est trouver ce qui nous passionne et nous rend heureux.”

“ Expérimentez, testez, osez ! Profitez des années de lycée pour explorer un maximum de choses et vous construire une identité propre.”

 

Emmanuelle Morand

Engagement / Domaine : Service public – Ville durable et transition écologique
Lieu d’activité : Ville de Sèvres – Directrice des services techniques et de la transition écologique

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« Ce n’est pas toi qui fais le chemin, mais c’est le chemin qui te fait. »

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“À l’origine, j’étais profondément attirée par l’art. Dès mon plus jeune âge, je partageais mon temps entre la musique – avec le piano – et la peinture. Mais la vie m’a amenée à chercher un compromis entre cette passion artistique et un métier plus structuré : l’architecture.”

“Puis, petit à petit, j’ai évolué vers la gestion des services techniques et de la transition écologique. Ce qui m’a motivée, c’est le besoin de donner du sens à mon travail et d’avoir un impact concret sur mon environnement.”

3/ Quel est l’aspect de votre engagement qui vous passionne le plus ?

“Ce que j’aime particulièrement dans mon métier, c’est cette capacité à travailler en grand angle. Je passe d’une réunion avec les élus et le maire à des échanges avec mes équipes, avec les services départementaux ou encore avec GPSO. En une journée, je peux traiter des questions liées aux espaces verts, à la voirie, au patrimoine… Cette diversité rend mon travail passionnant.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“J’ai grandi dans une famille où les femmes avaient une place importante. Il fallait faire son chemin et s’imposer. Dans le monde du travail, j’ai remarqué que plus on monte dans l’échelle sociale et professionnelle, plus la collaboration peut devenir difficile. Non pas en raison d’un manque de compétences, mais parce que la parole des femmes est parfois moins entendue.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Si vous avez une idée, exprimez-la. Notez-la, gardez-la précieusement comme un joyau et ne la perdez jamais de vue.”

“Osez ! Votre idée, votre projet, ce que vous voulez accomplir… Défendez-le, construisez autour, et suivez votre chemin sans jamais perdre votre axe.”

Fatou Diallo

Engagement / Domaine : Association – Solidarité et interculturalité
Lieu d’activité : Présidente de l’association Couleurs de Sèvres

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« Échange et partage. »

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“Nous sommes avant tout des mamans. En voyant nos enfants grandir et les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer à l’adolescence, nous avons voulu nous organiser. Nous avons créé un espace où nous pouvions nous soutenir entre mères, mais aussi aider d’autres femmes à mieux comprendre la société dans laquelle elles évoluent.”

3/ Quel est l’aspect de votre engagement qui vous passionne le plus ?

“Être utile. Pouvoir apporter quelque chose, là où il y a un besoin. J’ai grandi dans une ville du Sénégal, Sédhiou, où l’engagement associatif était naturel. Chaque quartier avait son club de foot, sa troupe de théâtre. C’est dans cet environnement que j’ai appris à m’impliquer, et aujourd’hui, j’aime transmettre cet esprit ici, à Sèvres.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“Comme dans beaucoup de sociétés, nous, les femmes, avons dû faire notre place. À mon arrivée en France, j’ai découvert que certaines formations étaient exclusivement réservées aux hommes, comme la cuisine ou la mécanique. Moi, je voulais être mécanicienne auto, mais on m’a dit : ‘Regardez vos mains, pensez-vous pouvoir soulever un moteur ?’ Alors j’ai dû renoncer à ce rêve.”

“J’ai aussi voulu intégrer l’armée, mais à l’époque, au Sénégal, c’était interdit aux filles. Aujourd’hui, heureusement, les choses ont changé. Les portes s’ouvrent peu à peu.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Croyez en vous. Faites ce qui vous passionne. Aujourd’hui, vous avez la chance d’avoir presque toutes les portes ouvertes. Allez vers ce qui vous anime, et faites-le avec votre cœur.”

Fernanda Freitas

Engagement / Domaine : Commerce – Entrepreneuriat local
Lieu d’activité : Propriétaire du Pressing, 41 avenue de l’Europe, Sèvres

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« Se lever tous les matins, aller au travail, quoi qu’il arrive. »

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie et d’ouvrir un pressing ?

“J’ai découvert cette voie par un stage en troisième. J’avais le choix entre la coiffure, l’esthétique et le pressing. J’ai testé les trois, et c’est le pressing qui m’a plu.”

“J’ai toujours aimé repasser, déjà adolescente, je repassais les pantalons de mon père et j’adorais ça. C’est ainsi que j’ai suivi un CAP pressing, un BEP, puis une formation en gestion. J’ai commencé dans le métier à 16 ans.”

“J’ai grandi dans une famille de commerçants : mes parents avaient une brasserie, ma tante travaillait dans les fruits et légumes. J’ai toujours vu des gens travailler dur et être au contact des clients. C’est dans mon ADN.”

“Cela fait maintenant 20 ans que je suis commerçante, dont 12 ans dans un autre pressing avant d’avoir le mien.”

3/ Quel est l’aspect de votre métier qui vous passionne le plus ?

“J’aime tout ! Il n’y a pas un poste que je préfère. J’aime vider ma machine, j’aime le contact avec les clients, j’aime repasser, détacher, prendre soin des vêtements… J’aime tout ce que je fais.”

“Je pense que lorsqu’on reste aussi longtemps dans un métier, c’est qu’on aime ce qu’on fait. Si à un moment donné ça ne nous plaît plus, on change. Moi, je me lève chaque jour avec envie.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“Il y a 15 ou 20 ans, oui, j’avais une crainte : celle de ne pas pouvoir assumer.”

“Aujourd’hui, je n’ai plus de défi. Le défi, c’est d’avancer et de tenir le plus longtemps possible.”

“J’ai déjà géré des équipes de sept personnes, ce n’était pas tous les jours facile. Mais il fallait que ça fonctionne. Il fallait que le travail soit prêt et bien fait, et que les clients soient satisfaits.”

“Je n’ai jamais vu de différence entre être une femme ou un homme dans ce métier. J’ai eu deux patrons, et c’étaient des hommes. Il y a des hommes qui repassent aussi bien que les femmes et prennent grand soin des vêtements.”

“Cependant, physiquement, c’est vrai que certains aspects du métier sont plus faciles pour un homme : porter des rouleaux de tissu de 20 kilos, des bidons de 18 kilos, des cartons de cintres de 12 kilos… Pour une femme, c’est plus difficile, mais ce n’est pas impossible. C’est une question de volonté.”

“Aujourd’hui, je sais démonter une pompe, la remonter, entretenir mes machines… Je fais certaines choses que des hommes ne savent pas faire. Je peux réparer ma machine, et je connais des collègues hommes qui ne veulent même pas essayer.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Il faut beaucoup de patience et de courage pour exercer ce métier.”
“Je leur dirais qu’il ne faut pas s’engager dans un métier manuel et physique s’ils ne sont pas faits pour cela. Ils baisseront vite les bras. Mais pour ceux qui sont motivés, qui veulent se lever tous les matins et travailler, qui sont passionnés par ce métier, alors je leur dis : Allez-y !”

“J’ai déjà eu des apprentis ici, et c’est un métier difficile. Une jeune femme ne veut pas forcément être debout toute la journée, avoir mal aux jambes en été… Mais il faut relever les manches, avoir du mental et se dire : ‘Quoi qu’il arrive, demain matin, je vais au travail.”

“Aujourd’hui, les jeunes se détournent un peu des métiers manuels. Mais moi, je leur dis : Préparez-vous mentalement. Ce sera difficile, mais pas insurmontable. Sinon, je ne serais pas là.

“Et surtout, il faut aimer ce qu’on fait. Si on n’aime pas, ça ne sert à rien. Moi, je ne me vois pas faire un autre métier que celui-là. Depuis toujours, je pense ainsi, et c’est sûrement pour cela que je suis encore là.”

Brigitte Battini

Engagement / Domaine : Artisanat d’art – Céramique et Dorure
Lieu d’activité : Cheffe d’atelier de Dorure Filage – Manufacture de Sèvres

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« Ne jamais lâcher. Toujours se remettre en question. »

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“Je viens d’une école de céramique du côté de Dijon, à Longchamp. Au départ, mon cursus était orienté vers la fabrication, avec du modelage plâtre : je créais les modèles en plâtre, puis les moules pour les tirages en pâte liquide ou pour la production de certaines pièces d’artistes contemporains.”

“Mais dans les années 80, il était très difficile pour une femme d’accéder à ces métiers. Certains postes m’ont été refusés uniquement parce que j’étais une femme. Alors, au fil des expériences et des opportunités, j’ai réorienté mon parcours et passé le concours pour entrer à la Manufacture de Sèvres.”

“Un jour, on m’a appelée pour une place au Dorure Filage. Je ne connaissais pas encore vraiment cette spécialité, mais j’ai saisi l’opportunité. Et aujourd’hui, après 27 ans de carrière, je suis cheffe d’atelier.”

3/ Quel est l’aspect de votre métier qui vous passionne le plus ?

“Le cadre de la Manufacture de Sèvres est exceptionnel. Ici, on travaille sur des pièces du XVIIIe siècle, du XIXe siècle, du XXe siècle, mais aussi sur des œuvres contemporaines. C’est un mélange entre tradition et innovation.”

“Lorsqu’un artiste crée une pièce, nous devons adapter nos techniques pour être au plus proche de son intention, tout en respectant les savoir-faire anciens. On peut même avoir des pièces de musées sur nos tables pour s’en inspirer et rééditer des modèles historiques.”

“La transmission est une grande partie de mon travail. J’ai eu un maître d’apprentissage, et aujourd’hui, j’ai formé Mathilde, qui elle-même transmet à Benjamin, et ainsi de suite. C’est une chaîne d’apprentissage qui permet de préserver ce métier.”

“Ce que j’aime aussi, c’est le défi du travail bien fait, d’atteindre l’excellence. Quand on travaille sur une réédition, il faut être à la hauteur de l’artisan qui l’a réalisée avant nous. C’est une forme de respect envers l’histoire de la pièce.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“Oui, sans aucun doute. Quand j’ai terminé mes études, le modelage plâtre était un domaine considéré comme masculin. J’ai postulé à plusieurs offres, et on m’a refusée uniquement parce que j’étais une femme. C’était un métier d’homme, m’a-t-on dit.”

“Quand je suis arrivée à la Manufacture, au Dorure Filage, il n’y avait que des hommes. J’étais la première femme à y travailler. Depuis, le métier s’est féminisé, puis est redevenu mixte. Aujourd’hui, nous sommes une équipe équilibrée, et cela prouve que les mentalités évoluent.”

“Il fut un temps où certaines spécialités en céramique étaient exclusivement masculines, comme le tournage ou le calibrage. Aujourd’hui, nous avons trois femmes tourneuses, ce qui aurait été inimaginable avant.”

“Bien sûr, certains aspects physiques restent plus compliqués pour une femme. Je ne vais pas porter 50 kilos de plâtre, mais il existe d’autres solutions. Ce qui compte, c’est que le savoir-faire ne soit plus une question de genre.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Ne jamais lâcher, et comprendre que rien n’est jamais acquis.”

“Quand je vois tout ce que les femmes ont gagné dans les années 60, 70, 80, et les remises en question permanentes aujourd’hui, ça me révolte. Il ne faut jamais croire que les droits sont définitivement acquis.”

“Nous avons le droit de décider pour notre corps, pour nos choix de vie, pour notre métier. Si une femme veut faire un métier dit masculin, qu’elle fonce !”

“Le seul frein, c’est nous-mêmes et la société. Mais nous avons notre place et nous devons la prendre. Les femmes savent faire, et elles doivent le revendiquer.”

“Aux jeunes Sévriennes : osez ! Ne laissez personne vous dire que vous n’êtes pas capables. Que ce soit en artisanat, en art, en politique, en entrepreneuriat, vous avez votre place partout.”

Sergent Chloé

Engagement / Domaine : Sécurité – Sapeur-pompier
Lieu d’activité : Caserne de Meudon, en charge de Sèvres et Chaville

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« La passion pour mon métier et aider les autres. »

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“Depuis toute petite, je voulais être pompier. D’où ça vient exactement ? Je ne sais pas. Mais à l’âge de dix ans, c’était déjà une évidence pour moi.”

“J’ai suivi un cursus scolaire classique, obtenu un bac puis un bac+2, toujours avec cette idée en tête. Un jour, mon oncle, lui-même pompier de Paris, m’a dit que les pompiers de Paris étaient l’élite. C’est devenu mon objectif.”

“J’ai terminé mes études en 2016 et travaillé deux ans pour me préparer physiquement aux tests d’entrée. Parce que pour intégrer les pompiers, il faut passer des épreuves physiques exigeantes : course à pied, traction, tests psychotechniques, entretien… C’est un vrai parcours d’endurance.”

“J’ai intégré la brigade des sapeurs-pompiers de Paris en 2018, suivi quatre mois de formation intense et été affectée à Paris, dans une grosse caserne du 17e arrondissement, à Champerret.”

“Pendant cinq ans, j’ai gravi les échelons : d’abord caporale, puis caporale-chef, et enfin sergent. En accédant à ce grade, on doit obligatoirement changer de caserne, ce qui m’a amenée à Meudon, où je suis en poste depuis un an et demi.”

“Et ici, à Meudon, je suis l’unique femme de la caserne.”

3/ Quel est l’aspect de votre métier qui vous passionne le plus ?

“L’action. Ce qui me plaît, c’est qu’on ne sait jamais ce qui nous attend. On peut être tranquillement en train de discuter, et cinq minutes plus tard, on part en intervention sauver des vies. Ce métier, ce n’est jamais la routine.”

“Quand on est sergent, on est responsable d’un équipage. Par exemple, je peux être à la tête d’un camion-feu, avec cinq pompiers sous mes ordres, ou encore chef d’échelle, utilisée pour les sauvetages en hauteur. Je peux aussi être chef d’ambulance, où j’ai deux personnes sous ma responsabilité.”

“Je me souviens encore de mon premier feu, même si ce n’était pas un incendie majeur. On s’en souvient toujours, parce que c’est là qu’on réalise pleinement pourquoi on fait ce métier.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“Il faut être réaliste : pour devenir pompier, surtout en tant que femme, il faut être passionnée. Ce n’est pas un métier que l’on fait à moitié.”

“Le plus grand défi, c’est l’exigence physique. Pour être à la hauteur, on doit s’entraîner tous les jours. Les hommes peuvent se permettre de ne pas s’entraîner quotidiennement, leur condition physique naturelle les aide. Moi, je fais du sport quasiment tous les jours : au minimum une heure, parfois plus. On a déjà quatre heures de sport obligatoires lors des gardes, mais en plus, je m’entraîne aussi chez moi.”

“Ensuite, il faut aussi savoir dans quel monde on entre. On est dans l’armée, et cela implique un cadre très structuré, une discipline stricte et une exigence permanente.”

“Historiquement, les femmes pompiers sont arrivées tardivement. En France, elles n’ont intégré les pompiers de Paris qu’en 2002. Ce n’est pas si vieux. Pourquoi ? Certainement parce que c’est un métier dangereux, physiquement exigeant. Mais aujourd’hui, nous avons notre place.”

“Quand on part en intervention, on a des règles de sécurité strictes, mais un accident peut toujours arriver. C’est un métier où le danger est omniprésent.”

“Gérer une équipe en tant que femme n’a jamais été un problème pour moi. À Meudon, je suis la seule femme de la caserne, mais mes collègues me respectent et m’écoutent. J’ai cinq pompiers sous ma responsabilité, et que ce soit ici ou dans ma précédente caserne, où nous étions six femmes, je n’ai jamais eu de difficulté à m’imposer.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Aux jeunes filles qui hésitent : faites-le. Il n’y a pas de raison qu’un métier soit réservé aux hommes.”

“Il faut se battre, s’entraîner, prouver que l’on est à la hauteur. La seule vraie barrière, c’est celle que l’on se met à soi-même. Si on veut, on peut.”

“Ce métier est dur, il demande de la rigueur, de l’endurance et une force mentale énorme. Mais c’est un métier qui a du sens. Chaque jour, on peut faire la différence.”

“Alors aux jeunes femmes qui rêvent de devenir pompier : foncez. Il n’y a pas de place pour les doutes, il faut juste se donner les moyens d’y arriver.”

Léna Lettat

Engagement / Domaine : Sport – Gymnastique rythmique
Lieu d’activité : Jeune Sévrienne (débuts) & Club d’Issy-les-Moulineaux
Championne de France National C – Gymnastique Rythmique (14 ans)
Championne du Trophée Fédéral et de la Coupe des Clubs

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

« La gymnastique rythmique est bien plus qu’un sport. C’est une manière de raconter une histoire, que ce soit avec un cerceau, un ruban, des massues ou un ballon. J’aime captiver le public en donnant vie à mes mouvements. »

2/ Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“J’ai découvert la gymnastique rythmique à Sèvres, au club La Jeune Sévrienne, où j’ai commencé en loisirs à 7 ans. Très vite, j’ai accroché et j’ai intégré la compétition l’année suivante.”

“J’ai passé cinq ans à la Jeune Sévrienne, dont quatre en compétition. Ce club m’a tout appris : la discipline, la rigueur et le dépassement de soi.”

“J’ai ensuite rejoint Issy-les-Moulineaux à 11 ans pour un encadrement plus poussé et un niveau plus exigeant. Mon entraînement est passé de 4-6 heures par semaine à 12 heures aujourd’hui.”

“La gymnastique rythmique est un sport qui demande beaucoup d’entraînement et de persévérance. On refait un mouvement des centaines de fois jusqu’à ce qu’il devienne automatique.”

3/ Quel est l’aspect de votre sport qui vous passionne le plus ?

“L’élégance et l’expression. Ce n’est pas seulement une performance technique, c’est un art en mouvement.

“Quand je suis sur le praticable, je ne veux pas juste exécuter un enchaînement. Je veux raconter une histoire, transmettre une émotion.”

“Si ma musique est joyeuse, je veux que le public ressente la joie. Si c’est intense, je veux qu’ils perçoivent la force et la détermination. C’est un peu comme une mise en scène.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“Avant, la gymnastique rythmique était exclusivement féminine, mais aujourd’hui, elle devient un sport mixte. De plus en plus de garçons s’y mettent et atteignent les plus hauts niveaux.”

“Quand j’ai commencé, il n’y avait presque que des filles. Maintenant, je vois beaucoup de garçons en National A, et même des équipes mixtes.”

“C’est bien que ce sport s’ouvre à tout le monde. Moi, en tant que fille, j’ai eu ma place sans problème, mais c’est une vraie évolution que chacun puisse y accéder.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Si vous avez un rêve, ne lâchez rien. Ce qui compte, ce n’est pas seulement le talent, c’est la persévérance.”

“En gymnastique rythmique, tout peut se jouer en 1 min 30. Une chute et tout bascule. Il ne faut jamais baisser les bras, toujours se relever, et se dire que chaque passage est une opportunité unique.”

“J’encourage toutes celles qui veulent se dépasser à essayer ce sport. Il demande un mental fort, mais il apporte beaucoup de rigueur et de satisfaction.”

Une victoire marquante : Championne de France

“Le jour des championnats de France, je me suis dit :
‘C’est la dernière fois que je fais cet enchaînement, il faut tout donner.’ »

“J’ai fait un passage sans chute, même s’il y avait quelques erreurs. Puis, il a fallu attendre le palmarès pendant des heures. Enfin, on annonce mon nom… Championne de France !”

“À ce moment-là, c’est un mélange d’émotions incroyables. On réalise que tout le travail de l’année paie enfin.”

“Ce n’est pas juste une victoire, c’est l’aboutissement d’un parcours de rigueur et de passion.”

Virginie Greuzat

Domaine : Entrepreneuriat – Tiers-lieu & Innovation sociale
Présidente de l’association Le LAC

1/ Une citation qui vous inspire au quotidien ?

“Un inconnu est un ami qu’on n’a pas encore rencontré.”

Graphiste indépendante depuis 15 ans, Virginie Greuzat a cofondé Le LAC, un espace de coworking et de collaboration pour entrepreneurs et indépendants.

2 / Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie ?

“J’ai toujours été indépendante, mais au fil des années, j’ai ressenti un profond besoin d’échanger, de travailler avec d’autres, de créer un cadre plus collectif. En discutant avec des voisines et amies, on a réalisé qu’on partageait ce besoin et qu’on pouvait bâtir quelque chose ensemble. C’est ainsi qu’est né Le LAC, un tiers-lieu où l’on peut travailler, partager des compétences et s’épauler mutuellement.”

3/ Quel est l’aspect de votre engagement qui vous passionne le plus ?

“Ce qui me passionne, c’est l’énergie du collectif. Seule, j’avais des doutes, des hésitations, je n’étais pas toujours sûre de mes compétences. Mais entourée de personnes bienveillantes et motivées, j’ai découvert une force incroyable. Travailler au LAC, c’est voir naître des projets, des idées, des collaborations qui n’auraient jamais vu le jour autrement. L’échange est une richesse inestimable.”

“On découvre beaucoup de soi-même à travers la rencontre avec les autres. Comment, en étant ensemble, on se déploie, on dépasse ses peurs et on ose. Ici, au LAC, c’est un espace bienveillant, chaleureux, où les gens sont heureux de se retrouver et où les projets prennent vie.”

4/ En tant que femme, avez-vous rencontré des défis particuliers dans votre parcours ?

“J’ai surtout été confrontée au défi de concilier mon rôle de maman et mon activité professionnelle. Quand mes enfants étaient petits, j’étais très présente pour eux, ce qui a freiné mon développement professionnel. Mais j’ai compris qu’en prenant ma place dans le monde du travail, je leur montrais aussi un modèle positif. S’engager dans le projet du LAC a été un tournant : j’ai retrouvé confiance en mes compétences et j’ai vu à quel point l’entraide et la solidarité étaient précieuses.”

5/ Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes générations et aux Sévriennes d’aujourd’hui ?

“Osez. Osez demander conseil, osez aller vers les autres, osez expérimenter. Il ne faut pas avoir peur de frapper à des portes, de poser des questions, de se lancer dans un projet. La réussite naît de l’audace et des rencontres. Parfois, une conversation autour d’un café peut débloquer une situation, ouvrir une nouvelle opportunité. Il faut se donner cette chance et ne pas hésiter à s’entourer des bonnes personnes.”

Ces huit femmes sont la preuve que l’engagement, la persévérance et la passion peuvent tout changer.
Quelle que soit votre voie, osez suivre vos rêves.