« L’histoire doit se raconter en permanence »

« L’histoire doit se raconter en permanence »

Culture
Roger Fajnzylberg, maire de Sèvres de 1978 à 1983 publie le vibrant témoignage de ce que son père a vécu dans Ce que j’ai vu à Auschwitz, les cahiers d’Alter, édité par les éditions du Seuil.
Publié le 31 janvier 2025 Modifié le 10 février 2025

Sommaire

Comment est née l’envie de ce livre ?

Mon père a été déporté dans le camp de concentration d’Auschwitz par le premier convoi parti de France. Je disposais de documents qu’il a écrit à partir du lendemain de sa libération en septembre 1945. Ils sont restés inexploités pendant près de 60 ans. Dans un premier temps je voulais que l’engagement de mon père soit connu de mes enfants et descendants. Petit à petit s’est imposée l’idée qu’il fallait vulgariser son témoignage de manière plus large et importante car il contenait des informations essentielles pour établir la vérité de ce qu’a été l’extermination
à Auschwitz.

Avez-vous imaginé un roman à partir de ces documents ?

Non et ce n’est pas non plus une fiction. C’est un témoignage brut et simple de ce que mon père a vu et subi à Auschwitz. Avec Alban Perrin, l’historien qui m’a assisté dans l’écriture de cet ouvrage, nous avons reproduit l’intégralité des documents initiaux en y ajoutant des notules explicatives dissociées du texte.

Qu’est-ce qui vous a incité à solliciter l’appui d’un historien ?

Quand j’ai ouvert la boîte à chaussures qui contenait les cahiers de mon père, j’ai découvert qu’ils étaient écrits en polonais et je souhaitais que la dimension historique soit validée.

Pourquoi ajoutez-vous des notules ?

Nous nous sommes rendus compte que les publier tel quel n’était pas suffisant pour les personnes n’ayant pas de culture historique et les jeunes générations. Ensuite, nous nous sommes dit qu’il fallait éclairer le sujet de manière plus complète en mettant en perspective le parcours de mon père qui n’a quasiment pas vécu en France. Né en Pologne, il est parti combattre en Espagne, a été parqué dans un camp d’internement des Pyrénées avant d’être interné à Drancy, ce qui fait qu’il est considéré comme un déporté de France. Le livre se termine par une réflexion sur la manière dont enfant j’ai pris conscience de ce qu’avaient enduré mes parents. Ils m’ont préservé et se sont reconstruits après la guerre.

Avez-vous l’impression que la Shoah est en train d’être oubliée ?

Non, mais l’histoire doit se raconter en permanence parce que l’oubli est quelque chose de terrible dans notre société. On pense tirer les enseignements d’un certain nombre de situations du passé et on s’aperçoit que c’est un éternel recommencement… Tout le monde pensait que la monstruosité de la Shoah ferait que ça ne recommencerait jamais. Depuis, bien des drames se sont produits partout sur la planète. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’un recommencement sous une forme différente, s’appliquant aux juifs ou à d’autres populations. Il faut sans arrêt se rappeler le « Plus jamais ça » qui était le cri des déportés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Rencontre avec Roger Fajnzylberg

Notez bien cette date dans vos agendas : lundi 10 février à 20h

Roger Fajnzylberg sera présent au SEL pour une rencontre dédicace. Une occasion unique de discuter avec lui de son livre Ce que j’ai vu à Auschwitz, les cahiers d’Alter qui vient de paraître aux éditions du Seuil.