Protéger les femmes contre les violences, un engagement quotidien à Sèvres
Sommaire
Selon les derniers chiffres de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, en 2022, 118 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur partenaire ou ex-partenaire, et 267 femmes ont été victimes d’une tentative de féminicide. Par ailleurs, près de 240 000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences de la part de leur conjoint, et 87 000 femmes ont subi des violences sexuelles. Ces statistiques témoignent de l’ampleur du phénomène et soulignent l’urgence de renforcer les actions de prévention.
Une nouvelle initiative : le violentomètre, disponible dans les boulangeries
Pour s’inscrire dans le cadre de cette journée internationale, la Ville de Sèvres souhaite rendre accessible à tous un outil qui a déjà fait ses preuves au niveau national : le violentomètre. Ce support pédagogique permet d’évaluer les comportements dans une relation de couple, en détectant les premiers signes de violence, qu’ils soient physiques, psychologiques ou sexuels. Le violentomètre est imprimé sur les pochettes de baguettes de pain, disponible dans les boulangeries sévriennes afin de toucher le plus grand nombre.
Le pain, élément incontournable du quotidien, devient ici un support de sensibilisation. En entrant dans chaque foyer, le violentomètre invite à la réflexion sur les comportements toxiques et ouvre le dialogue sur la question du consentement. L’objectif est de sensibiliser les Sévriennes et Sévriens de manière accessible, tout en favorisant la prise de conscience collective.
Un accompagnement essentiel pour les femmes victimes de violences
Depuis 2019, la Maison de la Famille à Sèvres propose un accompagnement spécifique aux femmes victimes de violences. Ce dispositif, appelé « Femmes victimes de violences : nécessité d’un accompagnement pluriel », repose sur une approche pluridisciplinaire et gratuite, permettant de répondre aux besoins variés des victimes. L’objectif est de permettre aux femmes de prendre conscience de leur situation, de les orienter vers des solutions adaptées et de les aider à reconstruire leur vie. Le dispositif vise également à prévenir l’isolement et la précarisation tout en mettant à disposition des ressources locales et nationales, comme les numéros d’urgence et les associations de soutien.
Des actions concrètes pour aider les victimes
La ville de Sèvres a mis en place plusieurs mesures pour venir en aide aux femmes victimes de violences :
- Des bons taxis
Des bons taxis sont délivrés aux victimes pour qu’elles puissent se rendre gratuitement vers des hébergements d’urgence ou à des rendez-vous au sein d’un institut médico-judiciaire. - Des nuitées d’hôtel
En partenariat avec le Commissariat, la Ville prend en charge des nuitées d’hôtel pour les femmes en situation d’urgence. Cette solution permet d’assurer la sécurité des victimes en leur offrant un relogement temporaire dans l’attente d’une solution plus durable. - Une rubrique dédiée sur le site de la Ville
La Ville de Sèvres propose une rubrique dédiée sur son site internet (Ma ville > Sécurité > Violences conjugales et intrafamiliales, prévention et assistance), regroupant les informations nécessaires pour les victimes ou les personnes souhaitant les aider. Ce portail fournit des contacts d’associations et des ressources pratiques pour sensibiliser et accompagner les femmes en danger.
39 19 un numéro d’appel d’urgence essentiel
Le 39 19, numéro national d’écoute pour les femmes victimes de violences, est un outil clé pour celles qui sont en danger ou pour leur entourage. Gratuit et confidentiel, il est accessible 7 j/7j et permet de recueillir les témoignages des victimes, de leur offrir une première écoute, et de les orienter vers les services et associations adaptés à leurs besoins. Le connaître peut sauver des vies.
Les jeunes femmes mineures ont un numéro dédié : le 119 (Enfance en danger)
Un engagement ferme pour l’égalité et la lutte contre les violences faites aux femmes
Entretien avec Emilie Bozio-Made, Maire adjointe en charge de la Santé et du handicap, de l’engagement citoyen, de l’égalité femme-homme
Le Sévrien : Pourquoi la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes est-elle une date importante pour la ville de Sèvres ?
Émilie Bozio-Made : En fait, la lutte contre les violences faites aux femmes est un élément essentiel de notre politique d’égalité entre les femmes et les hommes, car nous savons que les femmes sont victimes de violences spécifiques. Dans notre ville, comme sur l’ensemble du territoire national et à l’international, ces violences sont une réalité que nous essayons de mesurer de manière précise. À Sèvres, par exemple, nous avons eu 18 actes de violences sexuelles en 2023, et dès août 2024, nous étions déjà à 18. Concernant les violences conjugales, nous avons enregistré à Sèvres une augmentation de près de 8 % en 2024 par rapport à l’année précédente, avec environ une cinquantaine de faits signalés au commissariat. Ces faits se sont déroulés sur le territoire sévrien et montrent l’importance de continuer nos actions de prévention et de soutien. À ce titre, le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance a défini la lutte contre les violentes faites aux femmes comme un de ses axes majeurs afin de mieux cerner ce phénomène et d’apporter des réponses efficaces.
Le Sévrien : Quelles actions la ville de Sèvres mène-t-elle actuellement pour lutter contre ces violences ?
Émilie Bozio-Made : Nous concentrons notre politique de lutte contre sur les violences faites aux femmes sur deux axes. Tout d’abord, la sensibilisation des Sévriens sur les différents dispositifs existants d’aide aux femmes victimes de violences. Ainsi nous communiquons régulièrement sur notre site internet et dans le journal local.
Parallèlement, la Ville a mis en place en 2023 deux dispositifs d’urgence de nuitée d’hôtel et de bon taxi pour les femmes victimes de violences. En 2024, nous avons pris en charge deux nuitées d’hôtel pour une femme et ses enfants dans le cadre de violences intrafamiliales. Ces dispositifs ont vocation à protéger les victimes le temps que des structures dédiées puissent les prendre en charge.
Le Sévrien : Pouvez-vous nous parler de l’initiative du Violentomètre que vous avez récemment lancée ?
Émilie Bozio-Made : Le Violentomètre est un outil de prévention destiné à sensibiliser les femmes à l’identification des comportements à risque dans leur relation de couple. Il a été développé par l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis, puis repris par le Centre Hubertine Auclert, dont la Ville de Sèvres est adhérente. Il est distribué via les sachets de baguettes dans les boulangeries sévriennes. L’objectif de cette opération est de permettre aux femmes de repérer si leur relation présente des signes de violence potentielle ainsi que de sensibiliser l’ensemble des Sévriens à cette thématique.
Le Sévrien : Quelles autres initiatives la Ville de Sèvres dédie-t-elle à la lutte contre les violences faites aux femmes ?
Émilie Bozio-Made : Nous avons un groupe de travail qui collabore avec le Commissariat de Sèvres, la Maison de la famille et les établissements scolaires (collège, lycée) pour identifier les problématiques locales et proposer des solutions concrètes. De plus, en 2025, nous allons sensibiliser tous nos agents municipaux à l’accueil et à l’accompagnement des femmes victimes de violences, en lien avec l’Observatoire des violences des Hauts-de-Seine. L’objectif est de renforcer les connaissances et la capacité de tous les agents à identifier, orienter et soutenir les victimes de violences dans le cadre de leurs missions quotidiennes. Cela fait partie de notre engagement global pour améliorer la prise en charge des victimes et la prévention de ces violences dans notre territoire.
Le Sévrien : Quel est le message que vous souhaitez adresser aux habitants de Sèvres pour qu’ils s’engagent dans cette lutte ?
Émilie Bozio-Made : Chaque Sévrien et Sévrienne a un rôle à jouer, que ce soit en diffusant les informations sur les dispositifs existants ou en orientant les victimes vers les structures d’aide, comme le Commissariat ou la Maison de la famille. Il est aussi important que chacun connaisse le numéro d’urgence 39 19.
Le Sévrien : En dehors de la lutte contre les violences faites aux femmes, quelles sont les autres actions que la Ville de Sèvres mène pour soutenir les femmes ?
Émilie Bozio-Made : Nous avons trois piliers dans notre politique : la lutte contre les violences, la promotion de l’égalité hommes-femmes et la santé des femmes. Un exemple fort dans la promotion de l’égalité est notre participation au projet Curious Lab* Égalité femmes-hommes, à destination des collégiens. Ce programme, soutenu par le Département des Hauts-de-Seine, a pour but de sensibiliser les jeunes filles et garçons à la mixité des métiers et de lever les barrières liées aux stéréotypes de genre. Concernant la santé, la ville accueille depuis 2 ans le Bus Santé Femmes de l’Institut des Hauts-de-Seine qui permet aux femmes de bénéficier gratuitement de services essentiels : conseils santé, entretiens psychologiques, accompagnement juridique.
Le Sévrien : Merci beaucoup pour toutes ces informations, Émilie Bozio-Made.
Émilie Bozio-Made : Merci à vous.
* Le Curious Lab, lancé en 2023, est un outil d’intelligence collective qui propose aux élèves de réfléchir sur les métiers, leur accessibilité aux hommes et aux femmes, et les obstacles perçus. En incitant les élèves à déconstruire ces stéréotypes à travers des débats encadrés, ce dispositif permet de briser ces modèles préconçus et d’ouvrir le champ des possibles. Pour l’année scolaire 2023-2024, près de 900 collégiens ont participé à ce programme.
Accompagner les femmes victimes de violences
À la tête de la Maison de la Famille de Sèvres, Annie Bourquel s’investit dans l’accompagnement des femmes victimes de violences et la sensibilisation du grand public. Avec une approche pluridisciplinaire et des initiatives locales comme le Violentomètre, la structure joue un rôle essentiel pour offrir un soutien adapté et briser le cycle de la violence.
Le Sévrien : Quels services propose la Maison de la Famille aux femmes victimes de violences et comment ces services sont-ils adaptés aux besoins spécifiques de ces femmes ?
Annie Bourquel : Nous offrons un soutien pluridisciplinaire, ce qui signifie que les femmes peuvent bénéficier d’un accompagnement psychologique, d’une aide juridique et d’une assistance administrative. Ce qui fait notre force, c’est que tout est centralisé en un seul lieu, ce qui permet aux femmes de ne pas avoir à multiplier les démarches dans différents endroits. Nous accueillons les femmes de Sèvres, mais également des communes voisines comme Chaville et Ville-d’Avray, grâce à notre lien avec le commissariat qui couvre ces trois villes. Le soutien est inconditionnel et gratuit pour les femmes victimes de violences, même si certaines choisissent de participer financièrement, ce qui reste optionnel.
Le Sévrien : Comment la Maison de la Famille travaille-t-elle en collaboration avec d’autres partenaires pour assurer une prise en charge efficace des victimes ?
Annie Bourquel : La coordination se fait par le partenariat de proximité. Nous collaborons étroitement avec le commissariat, les écoles, les lycées, et des associations comme l’Escale – Solidarités Femmes. Par exemple, nous diffusons des informations dans ces lieux pour que les femmes puissent connaître nos services. Le commissariat est un relais important, et notre partenariat avec l’Escale – Solidarités Femmes nous permet d’orienter les victimes vers les bons services. Ce réseau de proximité facilite une prise en charge plus rapide et mieux adaptée.
Le Sévrien : Le Violentomètre est un outil de sensibilisation que la Ville de Sèvres va distribuer sous forme de sachets de baguettes en collaboration avec la Maison de la Famille. Pouvez-vous nous expliquer son utilité et comment les familles peuvent l’utiliser pour aborder ce sujet avec leurs enfants ?
Annie Bourquel : Le Violentomètre est un outil concret qui présente des situations de la vie quotidienne pour évaluer les comportements dans une relation de couple. Ce côté pratique permet d’aborder la question de la violence sans faire de grands discours. Lorsqu’il arrivera à la maison avec la baguette de pain, l’idée est d’en discuter en famille, de confronter les opinions et d’ouvrir le dialogue. Même si tout le monde n’est pas d’accord, c’est l’occasion d’aborder ces sujets et de réfléchir ensemble. Par exemple, le Violentomètre peut évoquer des comportements intrusifs, comme fouiller dans le téléphone d’un partenaire. Pour certains adolescents, cela peut sembler normal, mais c’est l’occasion de poser la question : “Est-ce vraiment acceptable ?” De même, le fait d’insister pour obtenir des photos intimes soulève des réflexions sur le respect de la vie privée et le consentement. L’objectif est de sensibiliser les jeunes et les adultes à travers des exemples concrets qui résonnent dans leur quotidien.
Le Sévrien : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les femmes victimes de violences lorsqu’elles cherchent de l’aide, et comment les aidez-vous à surmonter ces obstacles ?
Annie Bourquel : Le plus grand défi reste le logement. Les démarches pour obtenir un logement social sont longues et souvent difficiles, ce qui complique la situation des femmes qui cherchent à quitter un foyer violent. Nous ne pouvons pas toujours régler cet aspect, mais nous offrons un soutien en centralisant plusieurs services, comme le soutien psychologique, l’aide administrative et l’information juridique. Ce regroupement de services facilite l’accès à l’aide.
Un autre obstacle majeur est l’emprise psychologique. Ces femmes ont besoin de temps pour se libérer de l’emprise et prendre la décision de partir, surtout lorsqu’il y a des enfants ou peu de ressources disponibles. Nous les accompagnons pour évaluer leurs ressources et les aider à prendre les meilleures décisions pour elles-mêmes.
Grâce à ses actions de proximité dans le soutien aux femmes victimes de violences, la Maison de la Famille, contribue à briser le silence et à faciliter l’accès à l’aide.
Renseignements :
La Maison de la Famille
01 45 07 21 38