Ernest Renan, un illustre Sévrien
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Il y a 200 ans, le 27 février 1823 naissait Ernest Renan. Il y a 100 ans,
le Conseil municipal, dans sa séance du 3 mars 1923, décidait de renommer la rue des Grès rue Ernest-Renan pour se souvenir de «l’illustre savant».
Ce personnage multiple, à l’œuvre ambiguë a incarné les espoirs et les tensions du XIXe siècle. Revenons sur l’histoire de ce philologue, écrivain et philosophe, qui résida en villégiature à Sèvres une dizaine d’années avant et après la guerre de 1870, rue des Grés puis rue Avice, dans la maison dans laquelle sa mère s’éteignit le 14 juin 1868.
Un parcours chaotique
Ernest Renan naît en 1823 à Tréguier (Côtes d’Armor) dans une famille pauvre. Son père, capitaine dans la marine marchande meurt lorsqu’il n’a que cinq ans. Il demeure avec sa mère et sa sœur.
Brillant boursier destiné à devenir prêtre, il quitte le séminaire en 1845 après sept années d’études ecclésiastiques. Dans la pension où il entre alors comme répétiteur, il se lie d’amitié avec Marcellin Berthelot qui lui ouvre les perspectives des sciences physiques et naturelles, ce qui sera décisif sur la formation de ses idées. Marcellin Berthelot est un chimiste et homme politique qui vécut aussi quelques temps à Sèvres.
Agrégé de philosophie en 1848, il devient membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1856. La même année, il épouse Cornélie
Scheffer, la nièce du peintre Ary Scheffer. Ils auront plusieurs enfants.
Professeur d’hébreu au Collège de France en 1862, il est suspendu de son cours après avoir fait paraître en 1863 Vie de Jésus, ouvrage dans lequel il se propose de reconstituer avec autant d’exactitude que possible la vie et le caractère de Jésus tel qu’il vécut en Palestine. Utilisant les évangiles comme une source parmi d’autres, il les soumet à un minutieux travail d’historien. Il soulève alors de nombreuses polémiques. Le pape l’appelle le blasphémateur européen, des manifestations hostiles se produisent au Collège de France. Le gouvernement impérial lui offre comme compensation de sa suspension, l’administration de la Bibliothèque nationale qu’il refuse dans une lettre signée de Sèvres.
Après la guerre de 1870 et la chute de l’Empire, les idées du monde gouvernemental se sont modifiées et Ernest Renan est réintégré dans sa chaire.
Un homme respecté
Il a joué un rôle essentiel dans la laïcisation de la culture française et européenne. Dès 1871, il défend la séparation de l’Église et de l’État.
Savant respecté dans toute l’Europe, Renan reçoit tous les honneurs. Il est élu à l’Académie française le 13 juin 1878 en remplacement de Claude Bernard puis est nommé officier de la Légion d’honneur en 1880.
En 1882, il prononce à la Sorbonne une conférence Qu’est-ce qu’une nation ? : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs?; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ». Il est nommé administrateur du Collège de France en 1883 où il est réélu tous les trois ans.
Il meurt grand-officier de la Légion d’honneur, au Collège de France, le
2 octobre 1892. Il est inhumé au cimetière de Montmartre. Sa mère repose au cimetière de Sèvres.