Marie Curie
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Il y a cent ans, Marie Curie, qui enseigna à Sèvres, était la première femme élue à l’Académie de médecine en tant qu’associée libre. C’était le le 7 février 1922. Elle n’a pas fait acte de candidature pour ce fauteuil d’académicienne. Déjà double prix Nobel, elle n’avait pourtant pas été élue à l’Académie des sciences en 1911.
Physicienne d’origine polonaise, elle enseigne à l’École normale supérieure de Sèvres de 1900 à 1906. Le 10 décembre 1903, elle reçoit avec son mari Pierre Curie et Henri Becquerel le prix Nobel de physique pour ses travaux sur la radioactivité. C’est la première femme à recevoir le Nobel.
En 1909, elle est nommée professeur de physique générale et radioactivité à la Sorbonne.
Le 10 décembre 1911, elle reçoit son second prix Nobel en chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium.
En novembre 1910, poussée par ses amis, Marie Curie décide de postuler au siège d’académicien laissé vacant suite au décès de Désiré Gernez (1834-1910) qui avait hérité du siège occupé par Pierre Curie. Sa candidature est sérieuse et Marie Curie a toutes les qualités requises pour devenir la première académicienne des sciences.
Pour l’Institut, ouvrir les portes d’une académie à Marie Curie, c’est prendre le risque qu’elle en devienne un jour présidente et siège donc, de droit, à l’Institut. Les membres de l’Institut refusent l’intégration des femmes. Les arguments sont juridiques et sociaux, la femme n’est pas responsable, elle n’est pas citoyenne puisque ne votant pas. Les « pour » et les « contre » se lancent alors dans de nombreuses déclarations à la presse. Cependant, Marie Curie est bien candidate, et l’Académie des sciences la présente en première ligne contre l’avis de l’Institut.
Pour toute une partie de la presse, la problématique relève d’une question politique. La candidature de Marie Curie serait présentée et soutenue par des savants ayant signé l’appel pour la révision du procès de Dreyfus.
Édouard Branly, physicien et médecin français, précurseur de la radio qui a découvert le principe de la radioconduction et de la télémécanique est élu à la juste majorité. Marie Curie ne se portera plus candidate à aucune académie, pourtant en 1922, elle est élue membre de l’Académie de médecine.
Académie de médecine, une élection inattendue, 1922
Le 31 juillet 1921, un fauteuil de membre à l’Académie de médecine se libère. Une pétition signée par 35 académiciens propose Marie Curie comme membre libre de l’Académie de médecine. Cette dernière, ne faisant pas partie de l’Institut, est totalement indépendante pour admettre ou non la gente féminine.
Le 7 février 1922, elle est élue et devient la première femme membre de l’Académie de médecine.
Immédiatement, elle s’investit et fait partie de nombreuses commissions d’attribution de prix décernés par l’Académie.
Après Marie Curie, il faudra attendre 24 ans, en 1946, pour qu’une femme ait le privilège de devenir membre de l’Académie de médecine.
Aujourd’hui, seules 13 femmes sont membres de plein droit de l’Académie nationale de médecine.
D’après une communication du Docteur Natalie PIGEARD-MICAULT, Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, 2017, séance du 21 novembre 2017.